République
centrafricaine : Le Conseil de sécurité renouvelle l’embargo sur les armes avec
un subtile allègement
ONU/Eskinder
Debebe : Une patrouille de militaires et de policiers dans
le quartier de PK5 à Bangui, en République centrafricaine.
31 janvier 2020 - https://news.un.org/fr/story/2020/01/1060872
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté vendredi une résolution renouvelant l’embargo sur les armes concernant la République centrafricaine (RCA) jusqu’au 31 juillet 2020 et le mandat du Groupe d’experts qui assiste le comité chargé des sanctions jusqu’au 31 août 2020.
Ce texte, qui était présenté par la France, a été adopté par 13 voix pour et deux abstentions (Chine et Russie).
Dans sa résolution, le Conseil de sécurité « décide que, jusqu’au 31 juillet 2020, tous les États Membres devront continuer de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects à la République centrafricaine (…) d’armements et de matériel connexe de tous types ».
Ces mesures ne s’appliquent toutefois pas à une série d’exceptions stipulées dans le texte. Les livraisons de matériel non létal et la fourniture d’une assistance, y compris les activités de formation opérationnelle et non opérationnelle dispensée aux forces de sécurité de la République centrafricaine, sont ainsi exemptées.
Le Conseil de sécurité se déclare particulièrement préoccupé par les informations selon lesquelles des réseaux transnationaux de trafiquants continuent de financer et d’approvisionner les groupes armés en RCA et demande au Groupe d’experts de prêter une attention particulière à l’analyse de ces réseaux.
Après le vote, la France a estimé que l’adoption de cette résolution constituait un bon compromis et a regretté qu’il n’y ait pas eu un vote unanime.
Elle a noté que le Conseil de sécurité a autorisé deux assouplissements significatifs de l’embargo sur les armes entre le mois de septembre et aujourd’hui pour faciliter et renforcer la mobilité et la sécurité des forces de sécurité centrafricaines.
« Dans un contexte sécuritaire qui demeure instable, il nous paraît important de conserver une approche responsable et de veiller à accompagner les autorités centrafricaines dans leurs progrès en matière de réforme du secteur de la sécurité, de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens membres des groupes armés, et de gestion des armes et des munitions », a dit la Représentante de la France.
Le Royaume-Uni a émis des réserves quant au fait que le régime de sanctions n’ait été prorogé que de six mois. Il s’est inquiété en effet du « mauvais message » que cela envoie aux groupes armés en République centrafricaine.
La Russie, l’une des deux délégations à s’être abstenues, lui a rétorqué que sa délégation aurait voulu un assouplissement plus significatif de l’embargo sur les armes. Il a souligné que cet embargo fait obstacle au réarmement de l’armée centrafricaine, alors que celle-ci a la responsabilité de protéger les civils, ajoutant que les autorités légitimes de la République centrafricaine demandent la levée de l’embargo.
Les délégations favorables au renouvellement du régime de sanctions ont justifié leur position par le fait qu’à l’aube de l’échéance électorale de 2020 en République centrafricaine, il est plus urgent que jamais de créer des conditions propices à la paix et à la stabilité dans le pays, en soulignant que les mesures d’embargo sur les armes restent indispensables pour cela.
Visite d'un expert indépendant de
l'ONU pour évaluer la
situation des droits de l'homme
De son côté, l'expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en RCA, Yao Agbetse, a annoncé vendredi qu’il se rendrait dans le pays du 3 au 12 février 2020.
La visite de M. Agbetse fait suite à sa récente nomination par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en septembre 2019. Avocat des droits de l’homme, chercheur et enseignant originaire du Togo, M. Agbetse travaille depuis 25 ans dans le domaine de la justice et des droits de l’homme, y compris les droits de l’enfant.
Au cours de cette visite en RCA, il doit rencontrer les autorités centrafricaines, ainsi que les chefs de l'opposition, les chefs des groupes armés, des représentants de la société civile et de l’ONU. Il prévoit également de voyager à l'intérieur du pays.
L’expert évaluera également
la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation signé
le 6 février 2019, en particulier en ce qui concerne la justice transitionnelle,
la situation des femmes et des enfants.
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En Centrafrique,
l’accord de paix, malgré tout
Le pays
s’accroche au texte signé à Bangui le 6 février 2019 qui, malgré de
multiples violations, a déjà produit quelques avancées.
Des
factions armées se sont encore affrontées à Bria, dans le nord-est de la
Centrafrique, dimanche 26 janvier, faisant plusieurs dizaines de morts. Un
épisode violent de plus, qui pourrait laisser penser que le pays reste embourbé
dans la crise politico-militaire née en 2013. La prise de la capitale par
la Séléka, une coalition de groupes armés venus du nord et de l’est, avait alors
plongé le pays dans la guerre civile et placé des pans entiers du territoire
sous contrôle de milices.
Pourtant,
depuis le début de la période de transition de 2014, l’Etat, soutenu par la
communauté internationale, a repris une partie du contrôle de son territoire.
Et, en parallèle, les négociations entre le gouvernement et quatorze groupes
armés ont abouti à la signature d’un accord de paix à Bangui le
6 février 2019, qui a d’ores et déjà eu des répercussions positives
sur le terrain.
Lire
aussi Centrafrique : les échos lointains
d’une crise oubliée
« D’une
manière globale, la signature de l’accord s’est traduite par une baisse de la
violence, explique
ainsi Vladimir Monteiro, porte-parole de la mission des Nations unies en
Centrafrique (Minusca). Même si nous avons encore assisté à des pics de
violations extrêmement graves. » Bien que réels, ces progrès sont
marqués par un bilan humanitaire lourd, avec 690 000 déplacés internes
recensés en 2019, en progression de 40 000 par rapport à l’année
précédente.
« L’inclusivité »,
une des bases de l’accord
Il
peut paraître étrange dès lors que certains responsables de groupes armés
participent au gouvernement, alors même que leurs troupes ne respectent pas
l’accord. Selon Ange-Maxime Kazagui, le ministre de la communication et
porte-parole du gouvernement, ceci est lié au pari qui a été fait de
« l’inclusivité », une des bases de l’accord. Comme il le
rappelle volontiers, « ce n’est pas au premier, au deuxième ou au
dixième incident que l’on doit dire qu’un accord est mort ». Il mise
sur un dialogue ferme avec ces groupes armés pour les convaincre de respecter
l’accord, et même de démobiliser leurs troupes.
Lire
aussi Au PK5, le poumon de la Centrafrique recommence à
respirer
D’ailleurs,
côté progrès, des programmes mis en place pour une réinsertion des combattants
dans la vie civile ont permis des avancées dans l’ouest du pays. La plupart des
volontaires pour ce désarmement demandent à être intégrés dans les Forces armées
centrafricaines (FACA) ou au sein des Unités spéciales mixtes de sécurité
(USMS). Ce sont d’ailleurs ces unités, point-clef de l’accord de paix,
qui doivent sécuriser les couloirs de transhumance, mais elles tardent à se
mettre en place et, pour le moment, une seule d’entre elles a été officiellement
créée, dans la ville de Bouar, au nord-ouest du pays.
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Le
Conseil de sécurité de l'ONU devrait lever les sanctions sur la Centrafrique à
une date prochaine, selon un diplomate chinois
Par
: french.china.org.cn - French.china.org.cn
- Mis à jour le 01-02-2020
Un diplomate chinois a estimé vendredi que le Conseil de
sécurité des Nations Unies devrait lever son embargo et ses sanctions sur la
République centrafricaine à une date prochaine.
S'exprimant lors d'une réunion du Conseil de sécurité, le
représentant permanent adjoint de la Chine auprès des Nations Unies, Wu Haitao,
a déclaré que la situation politique et de sécurité dans son ensemble en
Centrafrique évoluait dans une direction positive.
Le gouvernement centrafricain s'engage à mettre en oeuvre
l'accord politique pour la paix et il a réalisé des progrès positifs dans la
mise en oeuvre des critères pour évaluer l'embargo sur les armes, a-t-il
ajouté.
La Chine a toujours considéré que ces sanctions ne
constituaient pas une fin en soi mais un moyen d'aider la Centrafrique à
restaurer la stabilité nationale et l'ordre social normal au plus vite, a
déclaré le diplomate chinois.
Il a appelé le Conseil de sécurité à lever l'embargo et les
sanctions à une date prochaine à la lumière de la situation effective en
Centrafrique, et en particulier des souhaits de son
gouvernement.
"Cela aidera le gouvernement centrafricain à renforcer sa
capacité à préserver la sécurité nationale et à faciliter un règlement politique
sur la question", a souligné M. Wu.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi une
résolution visant à prolonger pour six mois les sanctions à l'égard de la
République centrafricaine.
Il s'agit du premier renouvellement du régime de sanctions
à l'encontre de la Centrafrique depuis la signature de l'Accord de paix
politique entre le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés le 6 février
2019 à Bangui. F